Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Funny Madness
24 juillet 2010

star trek : la colère de Khan

star_trek_khanTitre original : star trek : the wrath of Khan

Genre : film de pirates sans mer

Réalisation : Nicholas Meyer

Scénario : Jack B. Sowards et Harve Bennett

Casting : William Shatner, Leonard Nimoy et Ricardo Montalban

Photographie : Gayne Rescher

Musique : James Horner

Durée : 1H52

Sortie : 20/10/1982

Note : 6.5/10

L’amiral Kirk et son Enterprise servent désormais de vaisseau d’entraînement pour les élèves pilotes. Envoyé avec M. Spock en mission de routine, il croise la route de son vieil ennemi Khan.

Ce texte a précédemment été publié sur le site cineminds. Ayant enfin réussi à mettre la main sur l'intégralité des épisodes de la franchise cinématographique, je me permets de reprendre ces critiques afin d'aboutir à un tour d'horizon complet de la série.

star_trek_k1

J’espère que vous avez bien ajusté vos pyjamas parce qu’on va pas rigoler là

Il ne faut jamais prendre les gens pour des cons mais il ne faut oublier qu’ils le sont. Ce célèbre sketch des inconnus, on a trop souvent l’impression de le voir mis en pratique face à certains films. Attention, nous n’allons pas critiquer là les films justes opportunistes qui visent une niche du marché par des procédés forts discutables. L’hypocrisie n’est pas forcément imputable à ces divertissements cons mais qui le revendiquent ouvertement. Par contre, c’est une autre paire de manche lorsqu’on nous sert le même produit en nous vantant qu’en fait il est ultra-méga profond et plein de pensées giga-super intelligentes. Vouloir s’élever au-dessus de la norme, c’est une chose. Offrir la tambouille habituelle en nous disant que c’est du caviar s’en est une autre. Lorsqu’on paie pour un gros divertissement bien débile, on n’est pas décontenancé de se trouver face à un gros divertissement bien débile.

Par contre, lorsqu’on débourse 10 euros pour un film censé explorer des sujets pertinents et poser des questionnements fondamentaux, il y a de quoi hurler à l’arnaque lorsqu’on se rend compte que l’enveloppe pseudo-intellectuelle ne contient finalement que du vide. Sans arriver à une telle extrémité, star trek : la colère de Khan peut quand même faire tirer la tronche à tout ceux qui avaient adoré le premier film signé par Robert Wise. Suite à une performance au box-office pas déshonorante mais loin des estimations envisagées, les exécutifs ont décidé de revoir clairement l’orientation de la franchise cinématographique. Le caractère métaphysique imprégnant l’œuvre de Wise est ainsi évacué et cette suite revendique plus sa filiation avec la série télévisée. Un revirement d’ambition qui n’a pour autant rien d’alarmant puisque tout (même sa flatteuse réputation) semblait faire de la colère de Khan un successeur différent de son aîné mais pas moins digne. Hélas, il sera difficile de s’enthousiasmer pour un long-métrage vidé brutalement de sa substance.

star_trek_k2

Vous êtes un monstre. Et vous nous n’avez même pas de pyjama !

Le fait est qu’en cherchant à plus s’ancrer dans la continuité de la série télé, cette suite risque de désarçonner énormément ceux qui n’y ont jamais jeté un coup d’œil. Là où Robert Wise avait compris la nécessité de replacer clairement chaque personnage et son rôle au sein de l’équipage, Nicholas Meyer ne s’en embarrasse guère. Si la récupération d’un méchant issu de la série d’origine ne pose guère de problème (le goût fantasque du personnage le pousse à monologuer sur le pourquoi du comment), il n’en va pas de même pour les autres protagonistes de l’histoire. Meyer expédie le tout dans le plan d’ouverture et n’y reviendra pas par la suite. Le spectateur lambda qui va déjà avoir du mal s’immerger dans le film à cause de cela risque en plus de ne pas saisir toutes les nuances des personnages. Wise évitait de trop piocher dans le passé et les aventures antérieures des personnages. Il les construisait en faisant en sorte que leurs parcours au sein du long-métrage soient parfaitement cohérents. Meyer se plante sacrément sur ce point puisqu’il tient pour acquis tout ce qui a été construit précédemment. Le comportement des personnages s’avère parfois nébuleux dans cette démarche et n’apparaît pas des plus compréhensibles. Le cas le plus emblématique est sûrement le sacrifice de Spock. Véritable résolution pour le personnage, cet acte final de bravoure ne prend tout son sens que si on a accompagné le personnage dans son long cheminement au sein de la mécanique humaine. En l’état, la faible présence accordée au personnage dans le reste du métrage empêche de saisir tout le caractère poignant de la chose. Ces difficultés d’adaptation alliées à des sujets à peine esquissés (la paternité de Kirk) éloignent la colère de Khan des bouleversants élans d’humanisme faisant le sel de la série.

La psychologie n’a de toute évidence pas su sensibiliser les initiateurs de cette suite qui ont préféré s’orienter vers l’action et l’aventure. Le générique d’ouverture tend à le prouver. Chez Wise, les noms s’affichaient sur un fond étoilé défilant avec harmonie et dans une complète plénitude. Ici, la caméra se fait plus mouvementé et affiche une instabilité qui ne demande qu’à éclater. Fort heureusement, le film s’avère des plus distrayant sur ce point. La réussite tient en grande partie à son méchant de qualité : le colérique Khan. A la fois intellect et barbare, Khan affiche un sacré charisme évoquant un corsaire déchaîné dont la folie vengeresse renvoie au capitaine Achab de Moby Dick. On ne sera d’ailleurs pas étonner de découvrir le roman d’Herman Melville parmi les lectures du bonhomme. Outre le profil du personnage, la comparaison s’étend même aux séquences d’action. La mise en place et les situations renvoient de manière évidente à des stratégies maritimes offrant un spectacle à l’anachronisme rafraîchissant.

star_trek_k3

La formidable technologie 3D du futur des années 2000 de demain

Dommage que le film souffre un peu du frein mis au budget par rapport à son prédécesseur. Outre la réutilisation assez effarante de plan du premier film (les vaisseaux klingons de la scène d’ouverture, le départ de l’Enterprise), les effets spéciaux pâtissent gentiment de ces restrictions. Les vaisseaux de la série ont toujours fait trop maquette mais le problème s’avère accentué ici par le manque de naturel avec lesquels ils se déplacent. Cela ajouté à une mise en scène certes très honnête mais qui mise avant tout sur l’efficacité empêche la magie inhérente à la franchise de faire son effet. Dommage puisque le film brille techniquement sur de nombreux autres aspects. La production design est fort bien pensée et bourrée de très bonnes idées (le décor des adieux entre Spock et Kirk). Les objets stellaires restent magnifiques, d’une nébuleuse au charme kitsch à la naissance par tableau d’une planète en passant par la simulation générée par ordinateur du projet Genesis (séquence conçue par une obscure boîte nommée Pixar). La musique de James Horner prolonge le travail de Jerry Goldsmith et le bonhomme (dont le recyclage n’était pas arrivé à saturation) offre un score absolument magnifique.

Quel regret qu’il soit l’un des rares à s’attacher à perpétuer le style du premier film. En l’état, la colère de Khan n’est pas un long-métrage désastreux et ne ternit pas l’image de la franchise malgré sa maigreur thématique. Mais il est difficile de se désaccoutumer de la densité à laquelle la série nous a habitué, surtout que plusieurs épisodes comme premier contact ont prouvé qu’il était possible d’allier grand spectacle et réflexion. Un enseignement qu’aura heureusement retenu J.J Abrams pour son reboot.

Publicité
Publicité
Commentaires
Funny Madness
  • Funny Madness n'a qu'une ambition : l'exploration de ma passion pour le cinéma. Comme le laisse entendre le titre du blog, j'affectionne les paradoxes et la manière dont je parlerais reflèteront ce désir d'assimiler autant de chef d'oeuvre que de navet.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Funny Madness
Archives
Derniers commentaires
Publicité