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Funny Madness
29 janvier 2011

Tron

tronTitre original : Tron
Genre : la technologie du futur des années 80 d’hier
Réalisation : Steven Lisberger
Scénario : Steven Lisberger
Avec Jeff Bridges, Bruce Boxleitner et David Warner
Photographie : Bruce Logan
Musique : Wendy Carlos
Durée : 1H36
Sortie : 08/12/1982
Note : 7.5/10

Flynn, ex-programmeur informatique aigri, est vite devenu une star des salles de jeu. Ça tombe plutôt bien, car son ex-boss, soucieux de protéger un secret, se sert un beau jour d'un prototype expérimental pour dématérialiser le pauvre Flynn et l'envoyer à l'intérieur du système informatique de l'entreprise, où il ne devra son salut qu'à sa dextérité aux jeux vidéo...

tron_1

Le problème avec la technologie, c’est qu’elle évolue trop rapidement. On a beau acheter l’objet le plus high tech qui soit, il est pratiquement qualifié d’obsolète juste après qu’on l’ait sortit de sa boîte. Il suffit d’un moment de relâchement pour que sans qu’on ait eu le temps de dire ouf, on se retrouve dépassé par toutes les nouveautés. Comme le disait le producteur Jeffrey Katzenberg à l’époque de Shrek : “Nous vous offrons le top de la technique... pour les dix prochaines minutes”. L’innovation technique est tellement constante que ça en devient assommant. Du coup, il apparaît parfois difficile de jauger les œuvres pionnières. Mettant en avant des techniques aujourd’hui utilisées de manière habituelle, il n’est guère aisé de porter un jugement sur des longs-métrages particulièrement novateurs. Ces derniers exploraient des territoires insoupçonnés à tâtons, ne sachant pas foncièrement ce qu’ils allaient obtenir. En résulte, une maladresse désormais obligatoirement évidente et qui prête à la moquerie. Pourtant, il paraît injuste de minimiser l’importance de ces films à cause des effets de l’âge. Leur portée visionnaire reste fondamentale et mérite toujours toute notre estime par rapport à leur impact sur le cinéma. Tron fait partie de ceux-là.

Au début des années 80, le studio Disney est en pleine transition. A cause d’un succès moins en moins présent, il y a une véritable bataille interne entre les vieux conservateurs et les jeunes loups. Ces derniers souhaitent booster un tantinet le studio en misant sur des productions plus matures, plus orientées vers un public adulte. Profitant de cette nouvelle politique, Steven Lisberger leur soumet le projet de Tron. La particularité du projet ? Il désire animer une grande partie du film avec des ordinateurs. La technologie des ordinateurs n’en est qu’à ses balbutiements mais Lisberger sent qu’il y a là un sérieux potentiel pour l’industrie cinématographique. Force d’admettre que l’avenir lui donnera raison. Mais pour l’époque, ça n’est pas une mince affaire. Emballé par le projet, Disney confiera à Lisberger un budget quasi-illimité qui ne sera pas de trop. L’atelier de Lisberger n’étant absolument pas suffisant pour concevoir toutes les images du film, la production répartira les tâches entre plusieurs boîtes de programmation éparpillées à travers le monde. Lisberger devra de plus composer avec les limites technologiques de certains de ces collaborateurs comme la société MAGI qui ne peut concevoir des objets qu’à partir de formes géométriques prédéterminées.

tron_2

Un sacré challenge donc mais qui s’avère en soit bénéfique. Réclamant une motivation de fer, la production du film demanda à tous ses participants de donner le meilleur d’eux-mêmes. Tous ont du y mettre du sien : du réalisateur chargé de s’assurer de l’homogénéité du produit final (guère aisé vu la multitude de sources de données) aux programmateurs chargés de saisir à la main les lignes de code (on dénote pas moins de 600 chiffres pour 4 secondes de film !) en passant par les acteurs obligés de jouer dans des ridicules costumes en plastique face à des écrans noirs (l’acteur Peter O’Toole a d’ailleurs refusé le projet lorsqu’on lui a appris qu’aucun décor ne serait construit). Le résultat en vaut la chandelle puisqu’on peut toujours regarder avec un émerveillement certain le film. Certes la qualité des images générées par ordinateur peut être considéré comme minimaliste, le rendu proposé se hissant tout juste au niveau des animatiques du cinéma actuel. Mais finalement, tout ceci apparaît en accord avec le scénario. Prenant place dans un univers informatique, il est tout à fait normal que l’univers soit constitué de formes rigides aux textures uniformes dépouillées.

Il s’agit d’ailleurs là de la force maîtresse du long-métrage d’avoir fait de son support visuel le sujet du film. Si on passera sur des propos informatiques légèrement datés (le coup du laser reste une joyeuse fantaisie exploitant les maigres connaissances du spectateur en la matière), le film offre un fond des plus pertinents. Outre son message sur la politique informatique de l’époque (la peur des petits concepteurs de se faire déposséder de leurs créations par les grands consortiums), c’est définitivement la création de son univers informatique qui rend toujours aussi fascinant le film. En inventant un monde au sein des ordinateurs, Lisberger anticipait la folie internet jusqu’à son fonctionnement même comme le principe des avatars (les programmes sont interprétés par les mêmes acteurs que leurs utilisateurs). Il invente ainsi un univers fascinant qui malgré son envergure cybernétique reste attaché à un régime plutôt féodal propice à exploiter des pistes narratives plus proches de fantasy que de la SF. L’originalité règne donc en mettre dans ce script transposant les éléments du réel dans ceux du virtuel.

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Une fascination renforcée par l’utilisation jouissive que Lisberger fait de son matériau. Épaulé par un story-board entièrement supervisé par le dessinateur Moebius, Tron regorge de passages phénoménaux. Découvrant que le numérique offre une liberté de mouvement bien plus importante qu’avec les techniques traditionnelles (la caméra peut sans problème se fondre à travers les personnages et objets), l’équipe exploite cette révélation pour rendre le plus spectaculaire et titanesque possible les nombreuses idées du script. En résulte une jubilation de tous les instants au travers de séquences plus immersives les unes que les autres. On aura beau critiquer les problèmes de l’époque en terme de vitesse et surtout de fluidité des mouvements, c’est sans importance face à l’enthousiasme que provoque pratiquement l’intégralité des scènes animées. Encore aujourd’hui il est d’ailleurs difficile de trouver plus jubilatoire que ces phénoménales courses de moto...

Alors oui Tron a vieillit, oui ça fait parfois bobo aux yeux, oui c’est pas exempt de défauts (Jeff Bridges est en très petite forme)... Mais Tron reste une œuvre puissante où l’imagination et la technologie se lie avec une rare harmonie.

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  • Funny Madness n'a qu'une ambition : l'exploration de ma passion pour le cinéma. Comme le laisse entendre le titre du blog, j'affectionne les paradoxes et la manière dont je parlerais reflèteront ce désir d'assimiler autant de chef d'oeuvre que de navet.
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