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Funny Madness
29 novembre 2010

Raiponce

raiponce_posterTitre original : tangled
Genre : à se couper les cheveux en quatre
Réalisation : Nathan Greno et Byron Howard
Scénario : Dan Fogelman
Casting : Maeva Méline, Romain Duris et Isabelle Adjani
Musique : Alan Menken
Durée : 1H41
Sortie : 01/12/2010
Note : 8/10

Lorsque Flynn Rider, le bandit le plus recherché du royaume, se réfugie dans une mystérieuse tour, il se retrouve pris en otage par Raiponce, une belle et téméraire jeune fille à l’impressionnante chevelure de 20 mètres de long, gardée prisonnière par Mère Gothel. L’étonnante geôlière de Flynn cherche un moyen de sortir de cette tour où elle est enfermée depuis des années. Elle passe alors un accord avec le séduisant brigand…

raiponce_1

Alors poulette, ça te fait quoi de sortir avec une célébrité ?

Il est assez passionnant de voir comment depuis l’arrivée de John Lasseter aux commandes, les films d’animation Disney ont pris un sacré tour psychanalytique. Chaque long-métrage donne l’impression de traduire l’état d’esprit et les efforts accomplis par le studio afin de retrouver un peu de sa splendeur. Première production à sortir sous le label Walt Disney animation studios (avec le logo issu de steamboat willie), bienvenue chez les Robinsons mettait en exergue une morale tout droit issu de la bouche de tonton Walt : il ne faut pas s’arrêter sur les erreurs du passé mais aller toujours de l’avant. Autrement dit, le studio devait faire une croix sur plusieurs années de famine créative et/ou d’insuccès pour regarder les possibilités de l’avenir. Il n’est plus l’heure de se lamenter mais de se reprendre en main. Chose qui sera faite avec Volt, star malgré lui. À la manière de son héros titre qui doit réapprendre à être un chien, le studio devait réapprendre son art. Entre un script critiquant certaines politiques antérieures et un soin visuel dû à une pré-production orientée vers une conception 2D de l’objet, Volt marquait une véritable reprise d’activité de l’usine à rêve. Et le réapprentissage de se poursuivre avec la princesse et la grenouille, retour à l’animation 2D où auteurs, personnages et spectateurs étaient mis à l’épreuve pour réappréhender la mécanique du conte. Le petit nouveau Raiponce était-il du même lot ? L’affirmative est de mise.

Précédemment nommé Rapunzel, tangled est un projet qui revient de loin et qui aura connu une genèse tourmentée. La production aura connu moult problèmes à un tel point que l’inquiétude était de mise quant au résultat final. L’idée de Raiponce est né au début des années 2000 et s’avérait aussi ambitieux qu’original. Il s’agissait alors de concevoir une vision parodique de l’univers des contes de fées avec une animation en 3D simulant un rendu en 2D. Voilà quelque chose de stupéfiant et de fort alléchant pour un studio qui se cherche d’autres horizons (des films comme Kuzco ou Lilo & Stitch s’inscriront également dans cette voie). Malheureusement, Disney est pris de court. En effet, Dreamworks sort de son côté Shrek où la magie est revisitée à coup de gags scatologiques. Quant on voit les similarités flagrantes de projets comme 1001 pattes/fourmiz ou encore gang de requins/monde de Nemo, on ne serait pas étonner d’apprendre qu’il y a eu des fuites entre les studios. Face au succès du géant vert, Disney se voit mal passer derrière et met son projet dans les cartons. Fort heureusement, celui-ci sera réactivé plusieurs années plus tard sous l’impulsion de Lasseter.

Le projet est alors remanié. Il ne s’agirait plus de plancher sur une vision humoristique des contes mais d’en faire un vrai. Pour ne rien gâcher, c’est à l’animateur de génie Glen Keane (c’est lui qui insufflera la vie à la bête, Pocahontas, Tarzan et tant d’autres) qu’est confié les rênes de la réalisation (une première pour lui). Puis c’est le silence radio jusqu’à l’arrivée de la première bande annonce. Et là, c’est la surprise. Le film a un ton clairement comique quant à son exploration des contes et on se trouve face à un film en 3D assez classique, loin du rendu expérimental attendu. Pire, renseignement pris, Keane ne s’occupe plus de la réalisation du film et a été remplacé par Byron Howard (co-réalisateur de Volt) et Nathan Greno (réalisateur de super Rhino, un court métrage issu de Volt). Keane aurait quitté le projet pour des raisons de santé et sera juste crédité comme superviseur de l’animation. Il n’en faut pas plus pour qu’on évoque des problèmes de production relativement importants. On peut d’autant plus croire qu’il y a eu quelques soucis de conception en mettant en parallèle les bandes annonces avec le produit final. Le teaser mettait ainsi en avant une séquence primordiale : la rencontre de la princesse avec le héros sous forme d’un pastiche de film d’horreur. Or ce passage pourtant finalisé ne figure finalement pas dans le long-métrage projeté. Espérons que la future édition blu-ray lèvera un peu le voile sur ces remaniements de dernières minutes laissant augurer un accouchement non sans douleur.

raiponce_2

Lights in the sky ? There is a light that never goes out ? Non c’est I see the light !

Alors c’est la catastrophe ce Raiponce ? La réponse (ah ah ah) est non. Raiponce repousse encore un peu plus la qualité des dernières productions du studio (si on excepte un retour vers la 2D en demi-teinte). Si la cuisine interne a été houleuse, le film n’en donne pas l’impression et préfère régler ses comptes avec la concurrence. A la manière de toy story 3 pour Pixar, Raiponce va permettre au studio de resituer sa place (et sa force) dans l’industrie actuelle. L’idée du film Raiponce et le personnage lui-même pourraient ainsi se télescoper. Raiponce est une jeune et jolie princesse dont la chevelure magique à la capacité de guérir les affres du temps. Ce pouvoir est convoité par une vieille mégère (quelle formidable d’avoir confié la voix du personnage à Isabelle Adjani dans la VF) qui souhaite l’exploiter égoïstement pour retrouver sa jeunesse. Pour se faire, elle enferme la princesse dans une tour et se fait passer pour sa mère. Il n’y a qu’un pas pour mettre en parallèle le conte avec la production du film. Le film Raiponce a été dépossédé de ses créateurs (Disney) et est tombé dans les mains d’une entité (Dreamworks) qui l’exploita ad nauseam pour son seul bénéfice. Tout comme Raiponce désire quitter sa tour pour voir le monde, le film est obligé de rester dans des cartons sous le joug d’un usurpateur qui se sera attribué la paternité de l’idée. Notre méchante a beau donner le change en donnant une apparence de tendresse et de chaleurisité, elle ne masquera pas pour toujours sa cupidité. En l’absence de la magie/idée fondatrice, celle-ci se désagrégera pour laisser apparaître une face décrépite. Le voyage de Raiponce en compagnie du cynique Flynn Rider (personnage qui comme par hasard aura volé son patronyme à un livre) devient ainsi le parcours du film pour voir le jour, atteindre le monde et s’en faire connaître. Ça n’est pas forcément innocent si l’image qui guide Raiponce est celle de milliers de lanternes s’envolant et illuminant le ciel nocturne. Cette séquence probablement la plus belle du film symbolise en quelque sorte ces milliers d’idées de créateurs qui doivent être libérés pour toucher le monde.

Une bonne occasion là pour parler du visuel du film. Certes loin de la radicalité du concept exprimé ci-dessus, Raiponce fait preuve quand même d’un certain charme visuel. Si la technologie reste proche d’une animation 3D traditionnel, on ne peut que saluer la manière dont le film joue sur les couleurs et les lumières pour renouer avec l’impression du dessin traditionnel. Une approche séduisante renvoyant à cette si particulière rigueur d’antan. En soit, cela résume assez le film : expérimentalement timide mais jouissant d’un talent qui a renoué avec son savoir-faire. S’affranchissant de la vulgarité (devenue sacrément mécanique au fil des épisodes) d’un Shrek et dosant parfaitement son second degré, Raiponce renforce une mécanique assez classique par une efficacité hors pair. Gags hilarants (le running gag de la poêle à frire), sidekicks réussis (le caméléon est ultra-attachant), dynamisme de la mise en scène (la 3D est relativement bien exploité), action soutenue (ça ne s’arrête fondamentalement jamais), romantisme émouvant (la fin rejoint d’une certaine manière celle de la belle et la bête), animation au poil (Raiponce et son côté un peu gauche séduit de bout en bout)... une formule éprouvée donc mais fonctionnant à merveille. A cet effet, si le retour à la musique d’Alan Menken n’offre pas l’exploit escompté, sa partition contient beaucoup d’enthousiasme et s’avère suffisamment attrayante pour convaincre (surtout après l’échec de Randy Newman sur la princesse et la grenouille).

Si la narration souffre de quelques cafouillages dans sa première partie (l’introduction de Flynn manque de panache pour un tel personnage), Raiponce s’avère une belle œuvre sur la liberté et enchante à chaque instant. Un bon cru en somme pour ce cinquantième film d’animation Disney. Voilà qui rend difficilement compréhensible pourquoi le studio a accompagne sa sortie d’une annonce selon laquelle il abandonnera le genre du conte car il n’est plus dans l’air du temps. Espérons que le succès soit au rendez-vous pour que ses paroles malheureuses soient rapidement ravalées.

raiponce_3

Les contes, c’est plus hype ? Can’t answer that !

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Commentaires
J
Et bien après lecture de ta longue critique (qui ne justifie pas à mon sens la note qui l'accompagne), je déduis juste que tu as dû détesté Unstoppable pour faire une telle remarque.<br /> Ceci dit, si les films ont @@@ me concernant, jamais je n'aurais idée de les comparer. Cela reste une façon grossière de les noter (la note en elle-même, je m'en fous un peu pour tout te dire).<br /> Unstoppable m'a fasciné par le talent de Scott (tu as surement lu la critique de l'ouvreuse, que je rejoins dans presque tous les points), là ou Raiponce m'a déplu par une première demi-heure presque chiante. Humour redondant (contrairement à toi, je trouve les gags lourds sur la durée, quand je ne les trouve déjà pas bien drôles à la base), montage hors-sujet (ils auraient facilement pu enlever dix minutes du film rien que sur sa première partie, entre tous les gags et une des chansons, toutes aussi nulles les unes que les autres d'ailleurs), bref, il n'y a guère que l'heure suivante qui m'a passionné, avec ses personnages attachants et la dynamique du récit.<br /> <br /> Loin d'être un film phare de l'année donc, même si j'ai quand même hâte de le revoir en VO. <br /> Et Unstoppable donc, ça t'a choqué ? :)
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  • Funny Madness n'a qu'une ambition : l'exploration de ma passion pour le cinéma. Comme le laisse entendre le titre du blog, j'affectionne les paradoxes et la manière dont je parlerais reflèteront ce désir d'assimiler autant de chef d'oeuvre que de navet.
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